La clef de sol
Dans la fêlure d’une vie qui déambule le long du quai
S’épanchent les langoureuses notes de l’instrument caressé.
Les mouettes égarées dans leur vol s’engouffrent sous les arbres
Toi, passante, au regard perdu dans le flot du fleuve
La musique te prend dans l’étreinte de ses sonores exhalaisons.
Dans l’échancrure bleue du regard de l’accordéoniste
Tu poses le tien, taie de velours sombre où arde le désir.
Le pavé du quai lisse chavire sous ton talon échasse
Tandis que captive des sons diffus dans l’air léger
Tu coules un corps souple et lascif dans l’harmonie plaintive.
Le musicien te plaît, ses doigts filent les chaînes sonores
Dévidant pour toi la partition sublime et étrange où tu songes :
Là-bas, au loin, dans la vapeur des eaux à fleur de lumière
Il est mon passeur, créant sur l’autre rive où il joue
Les rythmes ignorés qui me bouleversent l’âme.
Valparaiso